<207> par le nez; ils leur joueront encore bien d'autres tours, s'ils n'agissent pas avec plus de vigueur. V. M. me marquait dans une de ses lettres que les flottes anglaises auraient pour objet, cette année-ci, la Martinique, Montréal et Pondichéry; voilà bientôt la belle saison passée, et ces redoutables flottes boivent de la double bière à Portsmouth et à Plymouth. En attendant, leurs ennemis profitent du temps, et sont à la veille de reprendre en quinze jours ce qui a coûté deux ans de peine et de combats à l'Angleterre.

J'ai l'honneur d'envoyer à V. M. le seul exemplaire qu'il y ait ici de la comédie des Philosophes. Diderot et Rousseau y sont les plus maltraités; il est vrai que le premier n'est qu'un diseur de galimatias, et le second révolte par les paradoxes étranges qu'il embrasse dans toutes les occasions. V. M. se rappelle sans doute d'avoir lu les Pensées philosophiques de Diderot; les choses les plus triviales y sont dites avec une emphase ridicule. Dans l'ouvrage sur l'égalité des conditions, par Rousseau, il y a non seulement des sentiments singuliers, mais des opinions dangereuses au gouvernement de tous les États. Je plains d'Alembert, homme de mérite, de s'être associé avec cette troupe de fous. Mais il en est dans les belles-lettres ainsi que dans la politique : on n'est pas toujours libre de choisir les amis que l'on voudrait; la nécessité et les différents événements déterminent le parti que l'on prend. J'ai l'honneur d'être, etc.

140. AU MARQUIS D'ARGENS.

(Grüne-Wiese) auprès de Dresde. 15 juillet 1760.

Vous vous flattez vainement, mon cher marquis; nos affaires prennent un tour détestable. J'ai cru les réparer en venant mettre le siége