<127> et, entre autres, une assez lourde dont je suis coupable; je l'avais corrigée trois fois, et ces maudits imprimeurs l'ont encore commise en tirant la dernière épreuve. J'ai déjà donné ordre de faire venir l'Encyclopédie de Hollande; car les libraires ne font venir ce livre que pour ceux qui le demandent, attendu la cherté du prix, et ils ne l'ont pas dans leur boutique. Vous voulez donc, Sire, parcourir, cet hiver, un océan immense de mauvaises choses, dans lequel flottent quelques excellentes dissertations géométriques de d'Alembert et quelques ballons métaphysiques enflés de vent, qui, en faisant défendre cet ouvrage, lui ont donné une réputation qu'il a déjà perdue dans tous les pays où il est permis de l'avoir. Les derniers articles que Voltaire a mis dans ce livre se ressentent de la vieillesse, et ne valent guère mieux que son Candide; de l'esprit souvent, peu de jugement, et point de profondeur. Mais vous verrez tout cela par vous-même, et vous en jugerez bien mieux que moi. J'ai l'honneur, etc.

96. AU MARQUIS D'ARGENS.

Pretzschendorf, 31 décembre 1759.

Je dois commencer, mon cher marquis, par vous souhaiter la bonne année, et je vous assure que, de tous ceux qui feront des vœux pour vous, il n'y en aura pas de plus sincères que les miens. Pour moi, j'ai perdu toute confiance dans ma fortune. J'ai fait humainement ce qui a dépendu de moi pour déposter, par ruse, par diversions et par ostentations, l'ennemi de la Saxe, sans y avoir pu réussir le moins du monde. Il ne me reste donc de refuge que de cantonner tout cet