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INSTRUCTION.

La campagne prochaine va décider probablement du destin de l'Allemagne. On ne peut donc employer trop de prudence à la bien combiner. Le Roi se propose d'agir offensivement avec le secours des Russes en Moravie, et de pousser la guerre, le plus qu'il sera praticable, vers le Danube. D'autre part, il doit laisser vingt bataillons, tant à Landeshut que dans la principauté de Glatz, pour couvrir ces frontières contre les incursions ou même contre les projets d'invasion que l'ennemi peut méditer. Peut-être faudra-t-il encore, outre ces détachements, laisser un corps dans le Teschen ou la principauté de Pless, pour couvrir ses derrières contre les entreprises des Autrichiens, qui, de la Gallicie, pourraient ravager tout jusqu'à Ratibor et venir sur les derrières de l'armée qui opère en Moravie. L'armée de Saxe ne peut point seconder les opérations de ces troupes vers ces lieux éloignés; mais elle peut empêcher les diversions que l'armée autrichienne de l'Elbe pourrait faire en Silésie. Il s'ensuit de là que cette armée doit entrer en Bohême, la majeure partie par la Lusace, et l'autre par la Saxe. Le but de cette opération doit être de nettoyer le cours de l'Elbe jusqu'à Leitmeritz, pour s'assurer le passage de ses vivres, si l'ennemi a quelque gros corps vers Königingrätz ou Jaromirez, de lui venir à dos, de lui ôter ses magasins et l'empêcher de porter l'offensive en Silésie, pour tourner ensuite toutes ses forces sur Prague. Si l'on peut se procurer quelque avantage, il faut, si cela est praticable, attaquer l'ennemi. Après une victoire, Prague et Éger tombent sûrement, après quoi il est temps de penser à Königingrätz. Si l'armée du Roi a remporté un succès bien marqué en Moravie, Hadik sera obligé de détacher incessamment pour l'Autriche, et l'armée prussienne pourra faire en Bohême telle entreprise qu'elle