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VI. PROJET DE CAMPAGNE.[Titelblatt]

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PROJET DE CAMPAGNE.

Nous aurons deux aimées qui doivent agir contre les Autrichiens. Nous savons que leurs dispositions sont telles, qu'ils assemblent un corps de soixante-seize mille hommes entre Olmütz et Königingrätz. qu'ils ont quinze mille Croates à Gabel, et un corps de trente-deux mille hommes qui se forme du côté de Teschen. Une de nos armées doit descendre en Bohême par la Saxe; il est d'une nécessité indispensable quelle oppose, du côté de Zittau, un corps de quinze mille hommes, tant Prussiens que Saxons, pour garantir la Lusace d'incursions qui pourraient même être poussées jusqu'à Berlin, si l'on n'y pourvoit d'avance. Il est de même nécessaire qu'il reste quelques troupes mêlées de Saxons et de Prussiens vers Péterswalde et vers Dux, pour garantir les derrières et couvrir les magasins. Ces deux armées qui doivent agir ont à observer que celle qui trouve contre elle la grosse année autrichienne doit se tenir en quelque manière sur la défensive, pour que l'autre profite de cet intervalle pour pousser ses progrès aussi loin que les circonstances le permettent. L'armée de Saxe ne peut opérer avec succès qu'après avoir dépassé Leitmeritz, pour obliger les Croates d'abandonner Gabel; alors son opérai ion la plus importante est de se porter sur Prague et d'en faire le siége, si la grosse armée autrichienne ne s'y oppose pas. L'armée de<136> Haute-Silésie doit opérer par Hultschin sur Weisskirch et Prérau. Si elle y trouve toutes les forces autrichiennes, elle se contentera de les observer et de les amuser, pour donner au corps de Saxe la facilité de conquérir la Bohème. Si la grande aimée autrichienne fait un gros détachement pour la Bohême, c'est le moment d'en profiter pour tâcher d'engager une bataille, parce que ces troupes, vaincues si proche de Vienne, obligeront l'ennemi de rappeler incessamment le corps de la Bohême pour couvrir Vienne. Reste à savoir si l'on aura des secours des Russes. Ce cas changerait tout, et débarrasserait bien vite de l'armée de Teschen, qui serait obligée de se replier soit en Hongrie, soit en Lodomérie. Le plus grand embarras pour l'armée de la Bohême sera, lorsqu'elle aura pris Prague, de trouver assez de charrois pour s'approcher du Danube, soit par Budweis, ou mieux encore par Neuhaus et Wittgenau. Pour ce qui regarde les troupes de Moravie, si elles remportent une victoire sur l'ennemi, elles assiégeront Brünn, et, l'endroit pris, elles pourront, si elles ont les Russes, faire un détachement d'une trentaine de mille hommes par Hradisch, qui se porteront sur Presbourg, et le reste de l'armée doit alors, autant qu'elle le peut, s'avancer vers le Danube. Ces opérations sont toutes sujettes à de grandes difficultés; cependant, avec un peu de fortune, il est possible de les mener à une fin heureuse.