<702> bien qu'on en puisse attendre, et c'est celui que je vous souhaite sincèrement. Sur ce, etc.

142. DE D'ALEMBERT.

Paris, 12 septembre 1774.



Sire,

Je crois en ce moment Votre Majesté plus occupée que jamais, et je crains bien de l'importuner par cette lettre. La paix qui vient de se conclure entre la Russie victorieuse et la très-sublime et très-méprisable Portea doit donner à V. M. plus d'une affaire importante. Quelque pacifique que soit la philosophie, je ne sais encore si elle doit se réjouir de cette paix, jusqu'à ce qu'elle soit bien assurée que la tranquillité de l'Europe n'en souffrira pas; car s'il fallait absolument avoir la guerre, elle aimerait encore mieux la voir entre les Turcs et les Russes qu'entre des nations plus dignes de jouir et de profiter des avantages de la paix.

On assure que notre jeune monarque, en cela semblable à son aïeul, n'aime pas plus la guerre que lui; et toute la France bénit dans son roi cette disposition si nécessaire aux peuples, disposition dont V. M. donne l'exemple, quoi qu'en disent ceux qui ne la connaissent pas, et qui ne veulent pas sentir que plus on hait la guerre, plus on se tient prêt à la faire avec supériorité. C'est ce qui manquait au roi que nous avons perdu, et sur lequel V. M. pense avec tant de vérité et de justice. La fermeté lui manqua; ce défaut a causé les malheurs de son règne; avec cette vertu il eût été un excellent prince. Son successeur, qui ne règne que depuis quatre mois, montre une vo-


a Voyez t. VI, p. 71.