<701> ce drame; donc je dois l'en croire sur sa parole. Pour l'invisible Diderot, je ne sais que vous en dire; il est comme ces agents célestes dont on parle toujours, et qu'on ne voit jamais. Un de ses ouvrages me tomba naguère entre les mains; j'y trouvai ces paroles : « Jeune homme, prends et lis; »a sur cela, je fermai le livre, comprenant bien qu'il n'avait pas été fait pour moi, qui ai passé soixante ans. Des lettres de Pétersbourg marquent que l'Impératrice lui a fait faire un habit et une perruque, parce qu'il était fagoté de façon à ne pas pouvoir se produire à sa cour sans cette nouvelle décoration. Si après cette apologie vous ne me croyez pas encore assez bon Français, j'ajouterai, pour ma justification, que j'admire beaucoup vos Velches quand ils ont du bon sens et de l'esprit; que je fais grand cas des Turenne, des Condé, des Luxembourg, des Gassendi, des Bayle, des Boileau, des Racine, des Bossuet, des Deshoulières même, et, dans ce siècle, des Voltaire et des d'Alembert; mais que, ma faculté admirative ou admiratrice étant restreinte à de certaines bornes, il m'est impossible d'englober dans ces actes de vénération des avortons du Parnasse, des philosophes à paradoxes et à sophismes, de faux beaux esprits, des généraux toujours battus et jamais battants, des peintres sans coloris, des ministres sans probité, des, etc., etc., etc. Après cette confession, condamnez-moi, si vous le pouvez, et en ce cas je me ferai absoudre par l'Arétin, qui, loin d'admirer rien, passa sa vie à tout critiquer.

Je ne sais si Paris peut se comparer à Sodome, ou Sodome à Paris; toutefois il est certain que je n'aurais envie de brûler ni l'une ni l'autre de ces villes, et que je dirais avec l'ange Ituriel : Si tout n'est pas bien, tout est passable.b

Vivez heureux et content sous le règne du seizième des Louis. Que votre philosophie vous serve à vous égayer; c'est le plus grand


a Voyez t. XIX, p. 208, et t. XXIII, p. 176.

b Voyez t. XXIII, p. 101 et 322, et ci-dessus, p. 298 et 299.