<48>ses vertus. Il me semble le voir qui, ranimant sa cendre éteinte, sort de ce sépulcre où reposent ses froides reliques, pour vous dire : « Votre vie est bornée, quelle qu'en soit la durée; un jour vous quitterez tous cette dépouille mortelle : profitez du temps par votre activité; voyez comme rapidement mes jours se sont évanouis. Si vous voulez que votre mémoire vous survive, souvenez-vous que ce sont les belles actions et les vertus seules qui peuvent garantir vos noms de la destruction des siècles et de l'oubli des temps. »

Et vous, vaillants défenseurs de l'État, dont les efforts incroyables le soutinrent contre les assauts de toute l'Europe; et vous, ministres, qui, dans vos différents emplois, vous occupez de la félicité publique; approchez aussi de ce tombeau; qu'un jeune homme regretté pour ses talents et ses rares vertus vous affermisse dans l'opinion où vous êtes, que ce ne sont ni les grands emplois, ni les vaines décorations, ni la naissance même, quelque illustre qu'elle soit, qui font estimer ceux qui sont à la tête des nations; mais que leur mérite, leur zèle, leurs travaux, leur attachement à la patrie seuls peuvent leur concilier les suffrages du public, des sages et de la postérité.

Pourrais-je, après vous avoir conduits à ce tombeau, m'empêcher d'en approcher moi-même? O prince! qui saviez combien vous m'étiez cher, combien votre personne m'était précieuse, si la voix des vivants peut se faire entendre des morts, prêtez attention à une voix qui ne vous fut pas inconnue; souffrez que ce fragile monument, le seul, hélas! que je puis ériger à votre mémoire, vous soit élevé; ne dédaignez pas les efforts d'un cœur qui vous était attaché, qui, sauvant des débris de votre naufrage ce qu'il peut, essaye de l'appendre au temple de l'immortalité. Hélas! était-ce à vous à m'apprendre avec quelle économie il faut faire usage du peu de jouis qui nous sont départis? était-ce de vous que je devais apprendre à braver les approches de la mort, moi que l'âge et les infirmités avertissent journellement que j'approche du terme qui bornera la course de ma vie? Votre admirable caractère ne s'effacera jamais de ma mémoire; l'image de vos vertus me sera sans cesse présente; vous vivrez toujours dans mon cœur; votre nom se mêlera dans tous nos entretiens;