<47>qu'ils ont fait du temps de leur existence.a O prince aimable! votre sagesse vous avait bien averti de cette vérité. Votre course fut bornée; mais vos jours furent remplis. Vous-même, non, vous ne regretteriez pas la courte durée du terme que la nature vous avait prescrit, si vous pouviez savoir combien vous avez été aimé, combien de cœurs vous étaient sincèrement attachés, et quelle confiance le public mettait en votre mérite. Une vie plus longue, que pouvait-elle vous procurer davantage?

Ah! messieurs, ces tristes réflexions, loin de calmer notre douleur, l'aggravent, en nous rappelant tous les avantages dont nous jouissions, et qui se sont soudainement évanouis; un instant fatal nous oblige à renoncer pour jamais à l'espérance de voir briller tant de vertus pour l'avantage de la patrie. Jour désastreux, qui nous privas de ce doux espoir! cruelle maladie, qui terminas de si beaux jours! sort impitoyable, qui ravis les délices du peuple, pourquoi nous laissas-tu la lumière, après la lui avoir ravie? .... Mais que dis-je? .... Où est-ce que ma douleur m'égare? .... Non, messieurs, supprimons des murmures aussi coupables qu'inutiles, respectons les arrêts des destinées, souvenons-nous que la condition d'hommes nous assujettit à la souffrance, que les lâches en sont abattus, et que les courageux la soutiennent avec fermeté. Ce prince si aimable et si aimé, s'il pouvait entendre nos tristes regrets et les accents plaintifs de tant de voix lamentables, n'approuverait pas ces témoignages lugubres de notre impuissante et stérile douleur; il penserait que si, dans la courte durée de sa vie, il na pu nous être utile selon ses excellentes intentions, nous devrions au moins retirer quelques instructions de sa mort.

O vous, jeunesse illustre qui ne respirez que pour la gloire et qui dévouez vos travaux aux armes, approchez de ce tombeau; rendez les derniers devoirs à ce prince, votre émule et votre exemple; contemplez ce qui nous reste de lui, un cadavre défiguré, des cendres, des ossements, de la poussière : destinée commune de ceux qu'a moissonnés la faux du trépas! Mais considérez en même temps ce qui lui survit, et qui ne périra jamais, le souvenir de ses belles qualités, l'exemple de sa vie, l'image de


a Voyez ci-dessus, p. 25.