<163>De leurs Cosaques et Tartares,
Artisans de destruction,
D'horreur, de dévastation;
Ils ont enlevé pour prélude
Vos lettres et mon postillon.
Bientôt leur vaste multitude,
Jointe à l'Autrichien Loudon,
Nous entoure avec promptitude;
Tous leurs guerriers font un cordon.
Voilà notre camp qu'on assiége;
L'Autrichien veut batailler,
Tout orgueilleux de son cortége;
Le Russe craint de ferrailler.
Mais le dieu de l'intelligence,
Qui n'entre point dans les conseils
De ces gens, à Thrason9 pareils,
Nous fit trouver dans la constance
Notre rempart, notre assurance,
Et non dans de grands appareils.
La méfiante vigilance,
Tous les matins, au trait vermeil
Que dardait la naissante Aurore,
De nos yeux tout prêts à se clore
Chassait les pavots du sommeil;
Et Mars, qui, selon sa coutume,
Se rit d'un catarrhe ou d'un rhume
Gagné dans ses champs périlleux,
Au lieu de la douillette plume,
Nous fournit des lits plus pompeux
Que n'ont les courtisans oiseux
Qui, dans la mollesse, à Versailles,
En étourdis, de nos batailles
Se font les juges sourcilleux.
Une colline en batterie,
Monument de notre industrie,
Fut notre somptueux palais,


9 Brave de Térence.