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CHANT III.

Il n'est pour nous qu'heur et malheur au monde :
J'ai souvent vu dans ce siècle félon
Que la fortune aveugle et vagabonde
A couronné un faquin, un fripon,
Et la vertu, des hommes tant prônée,
Dans l'indigence au sort abandonnée,
Souffrir l'opprobre, et languir en prison.
Quand le destin aigri nous persécute,
Fût-on César, Pompée ou Scipion,
Pendant un temps on se défend, on lutte,
Mais on périt, s'il résout votre chute.
O mes lecteurs! si vous ne m'en croyez,
Le verrez bien quand ceci vous lirez,
Quand de Darget vous apprendrez l'histoire.
Ce fait tragique et ce complot d'horreurs
Sera toujours présent à ma mémoire;
Le souvenir m'en arrache des pleurs.
Or, écoutez : l'autrichienne armée,
En ayant vu ses desseins échouer,
Était encore abattue, alarmée;
Le bon Charlot s'entendait bafouer.
Le mordant Stein à l'ironique mine,
Sur le Lorrain aiguisant ses brocards.
Par ses bons mots sans fin le turlupine :
Et ses propos, lâchés sans nuls égards,
De bouche en bouche allaient de toutes parts.