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302. DU MÊME.

Le 30 janvier 1732.

Sire, quant à Pascal, je vous supplie de lire la page 274 du second tome, que j'ai eu l'honneur d'envoyer à V. M., et vous jugerez si sa cause est bonne.

Quant à madame de Bentinck, elle n'a point de cuisine, et j'en ai une ici et une à Paris.

Quant aux procès et aux tracasseries, je n'en ai qu'avec la maladie cruelle qui me mène au tombeau.

Je vis dans la plus grande solitude et dans les plus grandes souffrances, et je conjure V. M. de ne pas briser le frêle roseau que vous avez fait venir de si loin.

M. de Bielfeld a fait restituer, il y a longtemps, les exemplaires que votre imprimeur avait donnés à un professeur de Francfort-sur-l'Oder. J'étais affligé avec raison qu'un autre en eût avant V. M. Voilà tout le procès et toute la tracasserie.

Est-il possible que la calomnie ait pu aller jusqu'à m'accuser d'un mauvais procédé dans cette affaire? C'est ce que je ne puis comprendre. L'ouvrage est à moi, comme l'Histoire de Brandebourg est à V. M.; permettez-moi l'insolence de la comparaison. Quel démêlé, quelle discussion puis-je avoir pour une chose qui m'appartient, et qui est entre mes mains? Que deviendrai-je, Sire, si une calomnie si peu vraisemblable est écoutée? La franchise, qui est le caractère de la capitale de France et le mien, mérite que vous daigniez m'instruire de ma faute, si j'en ai fait une; et, si je n'en ai pas commis, je demande justice à votre cœur.

Vous savez qu'un mot de votre bouche est un coup mortel. Tout le monde dit, chez la Reine-mère, que je suis dans votre disgrâce. Un tel état décourage et flétrit l'âme, et la crainte de déplaire ôte