<281>Sire, quà faire dire un mot à Berlin au correspondant de Mettra ou de quelque autre banquier résidant à Paris; cela serait fait à la réception de la lettre, et quatre jours après je partirais. Mon corps aurait beau souffrir, mon âme le ferait bien aller; et cette âme, qui est à vous, serait heureuse. Je vous ai parlé naïvement, et je supplie le philosophe de dire au monarque qu'il ne s'en fâche pas. En un mot, je suis prêt; et, si vous daignez m'aimer, je quitte tout, je pars, et je voudrais partir pour passer ma vie à vos pieds.

262. A VOLTAIRE.a

Potsdam, 24 mai 1750.

Pour une brillante beauté,
Qui tentait son désir lubrique,
Jupiter avec dignité
Sut faire l'amant magnifique.
L'or plut, et son pouvoir magique
De cette amante trop pudique
Fléchit l'austère cruauté.

Ah! si, dans sa gloire éternelle,
Ce dieu si galant s'attendrit
Sur les appas d'une mortelle
Stupide, sans talents, mais belle,
Qu'aurait-il fait pour votre esprit?

Pour rendre son ciel plus aimable,
Près d'Apollon, près de Bacchus,


a Cette lettre, tirée du Magasin encyclopédique, rédigé par Millin. Paris, 1799, t. I, p. 103 à 105, a été imprimée dans d'autres éditions, mais avec quelques légers changements dans les vers, et avec omission de la fin du premier alinéa en prose, depuis « Je payerai le marc d'esprit » jusqu'à « dans la boutique de Mettra. »