<433> s'il y a moyen, je voudrais porter mes vieux os en paix au tombeau et rétablir un calme dans mon âme, qui, durant le cours de cette guerre, a presque été continuellement agitée par des mouvements violents et impétueux. Catt est venu ici avec la fièvre; je dirige sa cure, et je me flatte de vous l'envoyer guéri à Berlin. Je verrai, le 16, la Princesse électoralea à Moritzbourg, le 18 je serai à Schweidnitz, ensuite ma marche me mènera jusqu'au 2 d'avril, que j'aurai, le soir entre sept et huit, le plaisir de vous revoir au château de Berlin. Voilà, mon cher marquis, l'itinéraire de votre serviteur. Je me suis lait saigner aujourd'hui, parce que j'ai été fort tourmenté de mes crampes. Mais qu'importe cela? Portez-vous bien, et n'oubliez pas un philosophe qui est condamné à mener une vie vagabonde comme le Juif errant. Adieu.

290. DU MARQUIS D'ARGENS.b

Un philosophe mauvais catholique supplie un philosophe mauvais protestant de donner le privilége à un philosophe mauvais juif. Il y a dans tout ceci trop peu de religion pour que la raison ne soit pas du côté de la demande.


a La princesse Marie-Antonie de Bavière, fille de l'empereur Charles VII.

b Cette pièce n'est proprement qu'un post-scriptum que le marquis d'Argens ajouta à une lettre de Moses Mendelssohn au Roi, du 19 juillet 1763. Voyez les Anekdoten von König Friedrich II, publiées par Frédéric Nicolaï, Ier cahier, où l'on trouve, p. 61-69, l'histoire du privilége demandé au Roi par Moses Mendelssohn, et où ce post-scriptum est un peu altéré.