<362>queront de moi. Adieu, mon cher marquis; je souhaite de vous donner d'agréables nouvelles. Vous aurez dans peu celle de la paix avec les Suédois; pour les autres, vous ne les aurez qu'à la fin de juin. Aimez-moi toujours, et souvenez-vous d'un philosophe militaire plus errant que Don Quichotte et tous les chevaliers de La Calprenède.a

246. AU MÊME.

Bettlern, 28 mai 1762.

Je ne veux pas donner à votre joie le temps de s'attiédir; je la réchauffe en vous donnant, mon cher marquis, la nouvelle de la paix avec la Suède. Peut-être l'aviez-vous déjà; cependant je m'acquitte de ma promesse en vous notifiant toutes les bonnes choses qui arrivent. Je crois que ce sera aujourd'hui ou demain que les Tartares ouvriront une autre scène en Hongrie, avec un corps de cent mille hommes. Enfin nos tribulations cessent, et cette déesse volage qui donne et retire ses faveurs selon son caprice paraît se raccommoder avec nous. Toutes ces choses me font envisager la paix comme sûre pour la fin de cette année, et Sans-Souci avec le cher marquis au bout de cette perspective. Un doux calme renaît dans mon âme, et des sentiments d'espérance dont j'avais perdu l'habitude depuis six années me consolent des agitations passées. Pensez un peu à la situation où je vais me trouver le mois prochain, et à celle où j'étais au mois de décembre passé. L'État agonisait, nous n'attendions que l'extrême-onction pour rendre le dernier soupir; à présent, je suis


a Gautier de Costes, seigneur de La Calprenède, mort en 1663, auteur de divers romans, tels que Cassandre, Cléopâtre, Pharamond.