<349> que des murailles et vous, mon cher marquis; plus de connaissances, personne, et moi, j'aurai survécu à toute cette malheureuse génération.a J'ai quelque affaire qui m'empêche de continuer. Je vous en dirai davantage dès que j'aurai du loisir. Adieu, mon cher, mon bon, mon unique marquis : je vous embrasse de tout mon cœur.

237. AU MEME.

(Breslau) mai (avril) 1762.

Je vous tiens parole, mon cher marquis, je vous communique toute chaude la bonne nouvelle que je viens de recevoir. Notre ami le Kan est en marche pour Jassy, à la tête de cent mille Tartares; il m'envoie un secours de vingt-six mille hommes; les Turcs sont en pleine marche pour Andrinople. J'ai été assez heureux pour concilier leurs intérêts avec ceux des Russes et pour armer ces deux puissances contre la maison d'Autriche. L'ouvrage n'était pas facile, et il a fallu concilier comme on a pu des intérêts si différents, pour les amener à ce point de réunion où les voilà; c'est un paroli au même à ce que Kaunitz m'a fait, et, si la Providence y consent, je pourrai rendre à mes ennemis tout le mal qu'ils m'ont fait et m'ont voulu faire. Ne vous étonnez donc plus de mon inaction, et soyez sûr que, dès que ma machine sera montée, j'agirai plus en un mois que je n'ai pu dans une année, les campagnes précédentes. C'est un grand événement, et qui doit laisser à la postérité, au moins pour un demi-siècle, des vestiges de cette guerre obstinée et cruelle. Réjouissez-vous, mon cher; désormais vous ne pouvez avoir que de bonnes nouvelles de


a Voyez t. XVIII. p. 162 et 176.