<334> et la Russie. J'attends la première lettre de V. M., où elle daigne m'apprendre si je puis régaler ces messieurs d'un petit ouvrage intitulé : Lettre d'un baron westphalien à un bourgeois d'Amsterdam. Il y a assez longtemps que je suis excédé des rodomontades autrichiennes et des gasconnades françaises. J'ai l'honneur, etc.

225. AU MARQUIS D'ARGENS.

(Breslau) ce 18 (mars 1762).

Le voyage de Catt a été retardé, mon cher marquis, d'un jour à l'autre. Une indisposition qui m'est survenue n'a pas laissé d'y contribuer pour quelque chose. J'ai eu la fièvre, mais cela est presque passé. J'ai dit au voyageur de vous conter tout ce qui s'est passé et ce qui se fait ici, en vous faisant mille amitiés de ma part. Je ne veux point aller sur ses brisées, et d'ailleurs, en vous parlant de moi, il vous fera la description d'une vie philosophique dont les jours sont égaux et unis, à l'exception de quelques inquiétudes et d'agitations inséparables de la situation où je me trouve. Il vous parlera de nos espérances, des bonnes nouvelles effectives, et de la fermentation où se trouve présentement la politique de l'Europe. Il semble un vaisseau qu'on revire de bord quand un système change, et il se passera bien encore une couple de mois avant que celui qui va éclore se soit entièrement arrangé. Je n'ai point eu de nouvelles lettres de l'endroit où vous avez résidé avec M. d'Andrezel;a mais, selon de certains signes, il y a apparence que tout y va au mieux. Cependant, mon


a Le marquis d'Argens avait été dans sa jeunesse à Constantinople, à la suite de l'ambassadeur français d'Andrezel. Voyez ci-dessus, p. 25.