<303> Il faut absolument ne respecte ni vertu, etc.; la suppression de ne est une trop grande licence.

Voilà, Sire, tout ce que la critique la plus austère a pu me faire découvrir dans votre Stoïcien, qui, selon mon faible jugement, est la meilleure chose que vous ayez faite, parmi tant d'excellentes que vous avez produites.

Il est arrivé ici une affaire dont le récit vous amusera peut-être. Porporinoa a été accusé par une fille de lui avoir fait un enfant; il a été condamné en justice à payer à cette fille cent écus et à nourrir l'enfant dont il a été déclaré le père. Bien loin que Porporino ait appelé à un autre tribunal de ce jugement, il a d'abord payé les cent écus, a reconnu être le père de cet enfant, qu'il a pris et qu'il fait élever chez lui, et a été remercier ses juges de ce qu'ils avaient eu la bonté de réparer le dommage que lui avaient fait les chirurgiens de Venise. Cette aventure fait rire toute la ville. Je n'ai pas encore vu Porporino, mais je l'ai fait prier de passer aujourd'hui chez moi. On dit qu'il est dans la joie de son cœur d'être déclaré père aux yeux de tout l'univers.

J'ai prié, Sire, le commandantb d'envoyer en chiffre à V. M. une lettre qu'un hommec porté de la meilleure volonté m'a écrite. J'aurais mandé à V. M. tout de suite l'original de cette lettre; mais, comme il me paraît que les postes ne sont pas extrêmement sûres, j'ai mieux aimé prendre la voie du commandant. Si V. M. ne croit pas avoir besoin de l'offre que fait l'auteur de cette lettre, elle verra cependant qu'il y a des gens qui lui sont véritablement affectionnés, et cette personne est digne de louange à cet égard. Quoique je sois assuré que V. M. n'a aucun besoin de l'offre de cet homme, je pense qu'elle fera fort bien de l'en faire remercier gracieusement par le comman-


a Fameux chanteur de l'Opéra de Berlin. Voyez t. XIV, p. 444 et 466.

b Le capitaine de Zegelin. Voyez ci-dessus, p. 221.

c M. de Verelst. Voyez ci-dessus, p. 222 et 290.