<243> donner cette impassibilité parfaite à un homme né avec des passions vives.

Adieu, mon cher marquis; écrivez-moi souvent. Faites mes compliments à la bonne Babet, et soyez persuadé de l'estime que je vous conserverai toute ma vie.

164. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 28 mars 1761.



Sire,

Je prends la liberté d'envoyer à Votre Majesté la Lettre sur Voltaire dont j'ai eu l'honneur de lui parler dans ma dernière lettre : on m'avait repris l'exemplaire qu'on m'avait prêté, et je n'ai pu en avoir un chez les libraires qu'aujourd'hui.

On débite ici des nouvelles fâcheuses sur un échec que doit avoir eu l'armée du prince Ferdinand; mais j'espère qu'il n'y aura pas la moitié du mal que l'on dit. Si Cassel n'était pas pris, cela serait bien fâcheux. Pour réparer ces mauvaises nouvelles, on a la relation, à Berlin, de l'avantage remporté par le général Sybourg sur l'armée de l'Empire;a cela console un peu de l'échec des alliés.

Voici un avis, Sire, que le zèle que j'ai pour V. M. m'oblige de lui donner. Tant que M. de Catt sera auprès de vous, vous aurez un des plus honnêtes garçons qu'il y ait; le secret le plus profond sera gardé sur vos occupations littéraires, et la curiosité du public et de bien des particuliers ne sera point contentée comme elle l'a été autrefois. Les pièces les plus secrètes que vous avez composées il y a quatre ou cinq ans sont entre les mains de cent personnes. M. de Catt, Sire,


a A Langensalza, le 15 février. Voyez t. V, p. 115.