<169> nombre de mesures et d'arrangements à prendre absorbe presque tout mon temps. Je vous rends grâces des soins que vous prenez pour cette édition qui fait tant crier; j'espère que la nouvelle adoucira tant soit peu les esprits, sinon je m'en console, et je ne m'en pendrai pas de désespoir. Adieu, mon cher; je vous embrasse.

121. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 9 avril 1760.



Sire,

J'ai l'honneur d'envoyer à Votre Majesté la nouvelle édition; je lui avais promis qu'elle serait finie le 12, et elle l'a été le 9 du mois. C'est uniquement au zèle de M. de Beausobre que la promptitude et l'exactitude de cette édition sont dues. Je n'ai été que l'admirateur des soins qu'il a pris et des peines qu'il a eues avec les imprimeurs, surtout pour les engager à travailler pendant les fêtes de Pâques.

Si nous avions eu affaire avec la Néaulme, à peine l'édition serait commencée, et Dieu sait quand elle serait finie. D'ailleurs, cette édition est un gain assuré, pour le moins, de deux mille et cinq cents écus; pourquoi ne pas les faire gagner plutôt à un citoyen de Berlin qu'à un étranger? Ce sont de si bonnes gens, Sire, que ces bourgeois de Berlin! Je les ai vus, dans les temps les plus épineux, cent fois plus occupés de ce qui pouvait regarder V. M. que de leurs propres affaires. Les actions rendent les hommes célèbres selon le théâtre où la fortune les place. J'ai vu ici, après la bataille de Francfort, vingt bourgeois, et peut-être cent, au-dessus de tous ces citoyens romains dont Tite-Live a immortalisé la fermeté et le zèle pour leur patrie.