<115>Ne doutez pas un seul instant, Sire, que je ne parle pour la Saxe dès que vous me l'ordonnerez. Si je suis malade, ce voyage me guérira, et le plaisir de vous revoir, après la fin d'une si belle et si glorieuse campagne, me redonnera la santé. J'ai une grâce à demander à V. M. : c'est que je puisse mener madame d'Argens. Voici trois ans de suite que je fais toutes les années une maladie considérable. J'espère que cela n'arrivera pas cette année, par la diète que j'observe; mais, si V. M. n'avait pas eu la bonté de permettre que ma femme m'accompagnât à Breslau, livré aux soins de mes domestiques, je serais allé faire ma révérence au Père éternel, et je vous prie d'être bien persuadé que, sans vouloir faire le courtisan, j'aime beaucoup mieux être avec vous à Sans-Souci qu'avec lui dans son paradis. O Sans-Souci! ô Sans-Souci! Pourquoi ne puis-je pas donner mon Friesel à la R ..., ma diarrhée à la C ... et mes indigestions à L ...! Si cela pouvait avoir lieu, ces trois personnes songeraient plus à la pharmacie qu'à la guerre. J'ai l'honneur, etc.

88. AU MARQUIS D'ARGENS.a

Wilsdruf, 19 novembre 1759.

Marquis, quel changement! moi, chétif, moi, profane,
Qui fréquente peu le saint lieu,
Sans toque, sans bonnet dont la faveur émane
Du serviteur sacré de Dieu,
Siégeant au Vatican en tiare et en soutane;
Moi, dont l'attachement au culte naturel,
Respectant la pure doctrine


a Voyez t. XII, p. 132-134.