<167>tout en fait de raisonnements politiques, qui, pour la plupart du temps, sont fort biscornus.

Les nouvelles de l'ennemi que j'apprends incessamment me font croire que nous en viendrons aux mains; alors je souhaite fort que la fortune des Prussiens me favorise pendant quelques heures ou, pour mieux dire, pendant ce jour, afin que l'affaire se termine par là aussi glorieusement qu'elle a été commencée. Ne vous inquiétez pas, en attendant. Guérissez-vous, et n'oubliez pas vos amis absents, qui vous aiment bien. Adieu.

99. DE M. JORDAN.

Berlin, 29 février 1742.



Sire,

Je suis tout glorieux de ce que Votre Majesté daigne m'écrire et m'envoyer des vers dans un temps où elle est occupée par les affaires les plus importantes et les plus épineuses.

V. M. n'est pas, à coup sûr, en pays de connaissance quand elle est au milieu de cette cour céleste, qui n'est, ma foi, pas digne d'occuper le manoir où vous habitez. Il faut avouer que la gloire conduit V. M. par une route bien peu agréable. J'ai remarqué que tous les chemins qui conduisent à l'immortalité sont de même. Je frémis pour la santé de V. M., et je crois pouvoir démontrer en bonne logique et par de bons arguments que j'ai raison.

Je crois avoir si bien raison,
Que je me sens prêt à combattre
Sur ce sujet contre Sexte ou Pyrrhon,
Qui vous apprit l'art d'en terrasser quatre.