<168>Je connais par mon expérience que vous en démonteriez même plus. A peine suis-je guéri des bottes de logique que V. M. me portait autrefois. Je m'en glorifie, comme saint François de ses stigmates.

Les Hollandais ont acheté le Luxembourg quinze millions. Les politiques de Berlin sont fort charmés de cet achat; ils regardent cela comme un raffinement de ruse digne d'être admiré. Les partisans de la France condamnent cette conduite; on suppose déjà M. de Fénelon faisant tapage à la Haye, et remettant les choses sur l'ancien pied.

On dit que la Gazette de Hollande marque que l'Empereur ira d'abord à Cologne pour y adorer les trois rois, dont les noms sont sûrement connus de V. M., qui n'ignore pas des faits de cette nature.

V. M. m'ordonne de bavarder; j'obéis.
Vous voulez que Jordan bavarde,
Et bavardons, puisqu'il le faut;
Le triste dieu d'ennui vous garde
De fréquent et pareil assaut!

On étourdit en Angleterre ces songe-creux par le bruit des cloches. Dieu veuille que mon babil vous amuse! J'aimerais presque mieux qu'il endormît V. M.; cela ferait du bien à sa santé, et je lui serais alors fort utile.

Quoi! votre esprit, occupé fortement
Des intérêts de Prusse et de l'Empire,
Lirait, comme un délassement,
Tout ce discours, qui tient fort du délire?
J'en suis, ma foi, très-fortement surpris.
Mais, dans le fond, peut-on si bien écrire?
Quand on n'a pas ce dont on est épris,
On ne saurait ni badiner ni rire.

D'ailleurs, j'ai perdu ma santé, et je suis condamné à boire trois bouteilles de tisane par jour pour la recouvrer. Est-il possible de