<12> vous me ferez ce plaisir, ou, si vous me voulez tirer de cette difficulté, vous le pouvez sans peine.

Permettez seulement que j'ose faire mes vers sous vos auspices, et que je puisse vous invoquer pour les faire; lors je ne pourrai rien faire de mauvais au nom d'une personne si parfaite. J'attends mon arrêt, madame, sur ma prière; je l'attends avec impatience, mais aussi avec résignation. Faites et disposez comme il vous plaira; mais permettez-moi seulement d'oser vous assurer que je serai, tant en prose qu'en vers, avec beaucoup d'estime et de vénération, madame,

Votre parfaitement fidèle ami et serviteur,
Frideric.

ODE.

Permettez-moi, madame, en vous offrant ces lignes,
Que je vous fasse part de cette vérité :
Depuis que je vous vis, j'ai été agité;
Vous êtes un objet qui en êtes bien digne.
Mon cœur a ressenti qu'un trait trop plein d'adresse
Est trop capable, hélas! d'ôter la liberté.
Quoique je sois à cette heure au temps de puberté,
Le inonde dit pourtant que c'est une faiblesse.
Ma faiblesse me plaît, et semble préférable
A des cœurs qui sont durs, semblables à des rochers;
Et quand l'on me dirait que ce serait pécher,
Vous valez un péché, vous êtes trop aimable.
Je ne me trouve pas moi-même assez capable
De vous faire sentir ce qu'éprouve mon cœur.
Aimer est un bonheur, aimer est un malheur;
Tantôt on est content, tantôt cela accable.
Tirez-moi donc de peine, et soyez mon arbitre,
Car je n'attends de sort que sorti de vos mains.
Je suis dans l'esclavage, je suis dans vos liens,
Et ne demande pas jamais un autre titre.