<10>tion, si vous voulez ma figure en grand, en milieu, ou en miniature. L'original est entièrement à votre disposition. Pour les copies, je crois que la plus petite miniature sera la meilleure, car un petit mal vaut mieux qu'un grand. Il ne tiendra qu'à vous pourtant à disposer, et je saurai obéir, à condition que vous me fassiez toujours le plaisir de croire que je suis avec une affection et une estime particulière, madame,

Votre parfait ami à vous servir,
Frideric.

2. A LA MÊME.

Madame, les sauterelles qui désolèrent ce pays ont toujours eu assez d'égards pour vous, qu'elles ont ménagé vos terres. Un nombre innombrable d'insectes plus vilains et plus dangereux que ceux ci-devant nommés vont se rendre chez vous, madame; et, non contents de déserter le pays, ces animaux auront la hardiesse de vous attaquer jusque dans votre propre château. On les appelle vers; ils ont quatre pieds, des dents aiguës, un corps fort long, et une certaine cadence fait leur premier principe et leur donne la vie. Ceux-ci sont de fort mauvaise race; ils sont venus tout récemment du Parnasse, où le bon goût les a chassés. Je suis persuadé qu'ils auront un sort égal à Tamsel, endroit que les neuf Muses et Apollon même pourraient choisir afin de s'y faire juger, et dont le jugement serait certainement juste. Je me réjouis fort cependant de voir que le soin paternel du sieur Apollon se réveille, et qu'il prend à présent soin de purger le Parnasse des mauvaises productions faites par de chétifs poëtes. Je crois que cela lui doit aller fort bien quand, avec une grande chambrière, il se met à chasser ces monstres poétiques. Comme je suis du nombre de ceux qu'il a étrillés, je puis, madame, vous en donner des nouvelles. J'assure que, à le voir, il était l'ébauche vivante d'un de ces gens qui chassent les chiens des églises. Ce n'est pas par rancune que je lui donne cette épithète, quoique, en quelque façon, j'aie lieu d'en avoir, car mes intentions, depuis