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DISCOURS SUR LA FAUSSETÉ.

Maudit soit le mortel dont la sombre malice
La première eut recours aux traits de l'artifice,
Qui, foulant à ses pieds l'auguste vérité,
Du fard de la vertu couvrit sa fausseté!
De ses yeux clignotants la timide paupière
Ne soutint point l'éclat des feux de la lumière;
Triste ennemi du jour, les ombres de la nuit
Secondaient son dessein par le secret conduit.
Le monde, imitateur de ce coupable exemple,
Laissa la vérité sans culte dans son temple;
Depuis, chez les humains tout parut confondu,
Et le mérite simple au crime fut vendu.
Le fourbe, osant encore aspirer à l'estime,
Usurpa follement le nom d'esprit sublime;
Il resta peu d'amis, et la duplicité,
Adoptant les dehors de la sincérité,
Sous ce déguisement, difficile à connaître,
Confondit l'ami vrai, l'imposteur et le traître.
Elle ose impunément abuser l'univers;