<190>De ses fougueux écarts emportant le salaire,
Il quitte la roture, et dans un plus beau champ,
Des femmes de la cour il grossit son roman;
Il intrigue, il tracasse, il entreprend, il tente,
Il abuse à son gré d'une fille innocente,
Il remplace l'amour, dont il est moins séduit,
Par l'éclat indécent, le scandale et le bruit,
Là, se prêtant aux goûts d'une femme quinteuse,
Ici, se ruinant pour plaire à la joueuse,
Bientôt par la coquette adroitement trompé,
Et désigné du doigt par le monde attroupé.
Enfin, par ce désordre usé même avant l'âge,
N'ayant plus de l'amour que le flatteur langage,
Et gardant pour le sexe un goût enraciné,
Il régnait autrefois, je le vois enchaîné;
Je le vois sous le joug d'une femme insolente;
Excité par le fiel de sa langue méchante,
Et par son artifice en cent façons commis,
Il est forcé de rompre avec tous ses amis.
Si j'avais de mes jours à rendre un pareil compte,
Vous m'en verriez rougir de dépit et de honte;
Qu'un galant effronté s'en fasse seul l'honneur,
Je méprise sa gloire, en plaignant son erreur.
Ah! Stins nous avilir, restons ce que nous sommes :
Tous ces efféminés ressemblent-ils aux hommes?
Livrés à la mollesse et perdus sans retour,
Dans l'ordre le plus bas esclaves de l'amour,
Ce sont les descendants du lâche Héliogabale.
Mais Hercule, dit-on, fila bien pour Omphale.
Soit, égalez d'abord son courage inouï,
Terrassez des tyrans, et filez comme lui;
Servez votre pays comme il servit la Grèce,
Et méritez le droit d'avoir une faiblesse.
Diane ornait les nuits, avant qu'Endymion
Fît naître dans son cœur sa folle passion;
Avant qu'après Daphné l'on vît courir son frère,
Il avait parcouru l'un et l'autre hémisphère;