<16> journée entre quatre et cinq mille hommes;a il n'est pas apparent que la perte des ennemis ait été considérable, parce que le terrain était à leur avantage.

Cet événement acheva de déranger les mesures que le Roi avait prises jusqu'alors. Après l'échec que M. de Wedell venait de recevoir, il ne pouvait plus s'opposer sans de considérables renforts aux progrès de M. de Soltykoff. Francfort et Cüstrin étaient en danger par la position qu'il avait prise à Crossen, et si, dans peu, une armée prussienne ne s'approchait de Francfort pour défendre l'Oder, la ville de Berlin se trouvait exposée aux plus grands hasards. L'armée de Silésie n'était pas assez nombreuse pour qu'on pût l'affaiblir encore par de nouveaux détachements. M. de Fouqué défendait les gorges de Landeshut contre M. de Ville, avec dix mille hommes; l'Autrichien en avait vingt mille. L'armée du Roi, qui campait à Schmuckseiffen, était de quarante mille combattants; celle du maréchal Daun, de soixante-dix mille hommes. Quelles que fussent ces circonstances, le cas était pressant : il fallait assembler une armée pour couvrir la Marche de Brandebourg. Il y avait tout lieu de supposer que les coups se porteraient de ce côté, ou bien en Silésie. D'autre part, les Autrichiens gardaient des ménagements pour la ville de Dresde, à cause du séjour qu'y faisait la famille royale. Il était donc à présumer qu'un homme ferme, dans cette place, la soutiendrait assez de temps, pendant l'absence de l'armée, pour qu'elle pût y revenir pour le dégager, s'il était attaqué.

Après avoir mûrement réfléchi sur cet article, il fut résolu que le prince Henri viendrait à Sagan avec seize bataillons et vingt-cinq escadrons, auxquels on joindrait le détachement du prince de Würtem-


a Voici ce que dit le rapport officiel de la bataille de Kay : « Notre plus grande perte consiste dans la mort du digne général-major de Wobersnow, qui s'est fait aimer partout, autant par sa noble façon de penser que par sa vaillance et ses qualités guerrières, et qui avait acquis à un haut degré la confiance de Sa Majesté. » Berlinische Nachrichten von Staats- und gelehrten Sachen, 1759, no 90. Wobersnow était né en Poméranie, l'année 1708.