<128>campagnes, et auxquels les chemins sont connus; il faut de plus obliger les bourgmestres de vous fournir des guides, sous peine de brûler les villes, s'ils ne s'en acquittent pas bien. On peut encore recourir aux chasseurs qui sont au service de la noblesse, et auxquels les environs sont connus. Mais, de quelque espèce que soit le genre des guides, il faut les contenir par la peur, et leur annoncer les traitements les plus rigoureux, s'ils s'acquittent mal de leur commission. Il est encore un moyen plus sûr de se procurer la connaissance du pays : c'est d'engager, en temps de paix, quelques-uns de ses habitants qui en aient une intelligence entière; ceux-là sont sûrs, et par leur moyen l'on peut gagner, en entrant dans cette province, d'autres gens qui facilitent et vous allégent la besogne par le détail du local dont ils vous procurent les connaissances. Les cartes, pour l'ordinaire, sont assez exactes pour les terrains de plaines, quoiqu'on y remarque souvent l'omission de quelque village ou de quelque hameau; mais la connaissance qui importe le plus est celle des bois, des défilés, des montagnes, des ruisseaux guéables ou marécageux, des rivières guéables; et c'est cependant ce dont il faut nécessairement être le mieux au fait, ainsi que des terrains qui ne sont que prairies, et de ceux qui sont marécageux. Il faut encore distinguer en cela les saisons de l'année, qui changent par leur sécheresse ou par leur humidité la nature de ces terrains; car il est souvent capital de ne pas se tromper sur ces connaissances. Les quartiers-maîtres doivent encore se prémunir contre la déposition des gens du commun; quelquefois même, étant de bonne foi, ils vous trompent par ignorance, parce qu'ils ne jugent des chemins et des lieux que par l'usage qu'ils en font, et que, manquant entièrement de connaissances militaires, ils ignorent l'emploi qu'un guerrier peut faire du terrain. En 1745, lorsque après la bataille de Soor l'armée prussienne voulut se retirer en Silésie, je fis venir des gens de Trautenau et de Schatzlar, pour les interroger sur les chemins où je voulais faire passer les colonnes.