<124>que les Saxons devaient assiéger le printemps de 1742. Mais cette campagne fut dérangée par la retraite des Saxons et par l'inaction des Français. Nous quittâmes la Moravie, après avoir poussé en Autriche jusqu'à Stockerau,a et après avoir enlevé en Hongrie un corps d'insurgents que la cour voulait employer sur nos derrières. Ces sortes d'expéditions veulent qu'on emploie toute la vigilance possible pour ne point être surpris; par cette raison, nous eûmes constamment un corps devant le front des troupes, un autre sur la droite, un autre sur la gauche, dont les patrouilles nous avertissaient de tous les mouvements de l'ennemi. Avec cela, les cantonnements étaient resserrés; deux ou trois bataillons étaient dans la nécessité de se contenter d'un seul village, et leur bagage était parqué en dehors, défendu par une redoute; aussi ne nous arriva-t-il aucun accident. A la fin de l'année 1745, le prince de Lorraine entreprit une pareille expédition; c'était au mois de décembre qu'il voulut pénétrer de la Bohême dans le Brandebourg, en traversant la Lusace. Voici les fautes qu'il fit. 1o Il marcha sans avant-garde et sans cavalerie qui côtoyât la Silésie pour lui donner des nouvelles des Prussiens. 2o Il se chargea de trop de bagage. 3o Ses cantonnements occupaient un front de trois milles de largeur et de trois milles de profondeur, parce que les troupes n'étaient pas assez resserrées, comme elles devaient l'être; il fallait plus penser à leur sûreté qu'à leur commodité. 4o Étant près de nos frontières, il ne formait ni colonnes, ni ordre de marche. Nous en profitâmes comme de raison, et, en passant le Queis,b nous tombâmes sur ses quartiers à Catholisch-Hennersdorf, et lui enlevâmes quatre mille hommes. Notre armée campa sur les lieux, et le prince Charles, qui risquait d'être pris à dos, fut obligé de se retirer en Bohême d'un pas qui ressemblait plutôt à une fuite qu'à une retraite; il y perdit son bagage et une vingtaine de canons.


a Voyez t. II, p. 125.

b Voyez t. III, p. 171 et 172.