<119>soutienne contre l'ennemi dans ces sortes de manœuvres, sans qu'elle ait encore l'embarras des chariots dans des chemins creux et dans des défilés, où elle doit pouvoir agir lestement et sans contrainte.

DES MARCHES SUR DES DIGUES PAR DES PAYS MARÉCAGEUX.

La Hollande et la Flandre qui avoisine plus à l'Océan sont les pays qui fournissent le plus de ces sortes de digues. Nous en avons quelques-unes le long de l'Oder et de la Warthe; il y en a beaucoup en Lombardie, et qui sont bordées ou coupées par des navilles. Dans les pays de cette espèce, une armée ne peut marcher que sur le nombre de digues qui aboutissent à l'endroit où elle veut se rendre. Le maréchal de Saxe,a lorsqu'il quitta les environs de Malines et d'Anvers pour diriger sa marche par Tongres sur Mastricht, fut obligé de se servir de la grande chaussée, où toute son armée marcha sur une colonne pour aller se battre avec les alliés à Laeffelt; mais le corps de M. d'Estrées était à Tongres, qui couvrait sa marche et tenait le débouché de la chaussée. Dans des cas semblables, il faut se contenter des chaussées que l'on trouve sous sa main. Le général doit avoir une petite avant-garde d'infanterie devant chaque colonne, pour être averti des mouvements de l'ennemi et de son approche. Il faut qu'à la tête de chaque colonne il ait quelques ponts de colonne, pour pouvoir, en cas que l'ennemi approche, les jeter sur les navilles qui bordent la digue, et lui présenter un front capable de pouvoir repousser son attaque. Dans ces sortes de terrains, où la cavalerie est entièrement inutile, elle doit suivre les colonnes d'infanterie, parce qu'on ne peut l'employer que lorsque, sorti de ces chaussées, on arrive dans un pays moins coupé. Si l'on peut prévoir que l'on aura de pareilles marches à faire, il faut de nécessité pousser un corps


a Voyez t. IV, p. 13 et 14.