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DES MARCHES POUR ATTAQUER UN ENNEMI.

La première chose à laquelle il faut faire réflexion, c'est la position de l'ennemi. La disposition de l'attaque doit avoir été faite après avoir reconnu la situation de son camp et de sa défense. L'ordre de la marche doit être réglé sur le projet qu'on a de former ses attaques, et sur l'aile avec laquelle on se propose d'agir, et sur celle qu'on veut refuser. Le gros bagage doit avoir été d'avance renvoyé en arrière pour se défaire de cet embarras, et le menu bagage doit suivre l'armée, couvert d'une légère escorte, si l'on ne peut le laisser dans le camp, ce qui vaudrait mieux. Si le camp de l'ennemi est situé de façon que pour l'attaquer il faille marcher par la droite ou par la gauche, votre armée ne doit former que trois colonnes, l'une de la première ligne, l'autre de la seconde ligne, et la troisième de la réserve; les chevaux de bât feront la quatrième et la cinquième. S'il faut s'avancer tout droit contre l'endroit que vous voulez attaquer, vous aurez une forte avant-garde, qui ne précédera l'armée que d'un petit quart de mille. Vous vous formerez sur autant de colonnes que vous avez de routes qui arrivent sur les lieux où vous voudrez vous former; les aides-majors, ayant marqué les distances, pourront se former selon la disposition que le général aura donnée pour l'attaque. Si vous battez l'ennemi, vous n'avez pas besoin de chemins préparés pour la poursuite; vous n'avez qu'à le suivre par les chemins que sa fuite vous indique. Si vous êtes repoussé, n'ayant attaqué qu'avec une aile, l'autre aile, qui est encore entière, doit couvrir la retraite et servir d'arrière-garde, et vous pouvez retourner à votre ancien camp par les mêmes routes qui vous ont mené à l'ennemi.