<620> pour moi, d'autant plus que je ne suis ni correcteur d'imprimerie, ni censeur de gazettes. Je crois que la famille de Loyseau de Mauléon a été à l'école chez Le Franc de Pompignan;a elle suppose toute l'Europe les yeux fixés sur elle, et l'univers uniquement occupé de cette famille. Pour moi, qui vis en Allemagne, et qui sais ce qui se passe, je puis assurer avec honneur à la famille de Mauléon qu'un très-petit nombre de personnes sait qu'elle existe, et que ceux qui la connaissent le mieux sont peut-être une quarantaine de personnes qui ont lu un factum fait par cet avocat en faveur de Calas. Je puis vous protester que personne ne s'oppose en Allemagne à la noblesse de cette famille; qu'il est très-indifférent à la diète de Ratisbonne que cet avocat soit mort d'un polype au cœur ou d'un crachement de sang, que la duchesse d'Orléans ait consulté son père ou non; et qu'enfin tous les avocats de Paris, la cour des aides, la Tournelle, la grand'chambre, les présidents à mortier et le chancelier peuvent vivre et mourir comme bon leur semble; on promet même de l'ignorer en Allemagne. Pour le gazetier du Bas-Rhin, la famille de Mauléon trouvera bon qu'il ne soit point inquiété, vu que, sans la liberté d'écrire, les esprits restent dans les ténèbres, et que tous les encyclopédistes (dont je suis disciple zélé), en se récriant contre toute censure, insistent sur ce que la presse soit libre, et que chacun puisse écrire ce que lui dicte sa façon de penser. Faites prendre ceci comme une poudre tempérante à la famille de l'avocat; elle donne quelques symptômes de fièvre chaude, qu'il sera bon de prévenir par des saignées et de fréquentes émulsions. Que de personnes, mon bon d'Alembert, qui ne voient les objets qu'à travers ces grandes lunettes avec lesquelles on observe les satellites de Saturne! Il faudrait mettre leurs yeux pour quelque temps au régime du microscope, pour leur apprendre à mieux apprécier les grandeurs des figures,


a Voyez t. XV, p. 37, et t. XXIII, p. 34.