<619> année qu'il prolonge la paix doit rétablir ses finances. Un royaume comme la France est inépuisable en ressources, et il faut être bien maladroit, avec quatre cents millions de livres de revenus, pour ne pouvoir pas payer ses dettes. Vos Académies vont s'enrichir, et vos académiciens rouler sur l'or.

Pour le pauvre Helvétius, il ne roulera sur rien; j'ai appris sa morta avec une peine infinie; son caractère m'a paru admirable. On eût peut-être désiré qu'il eût moins consulté son esprit que son cœur. Je crois qu'il paraîtra de lui des œuvres posthumes; une rumeur se répand qu'il y a un poëme de lui sur le Bonheur, dont on dit du bien; si on l'imprime, je l'aurai. L'ouvrage de Pline qu'on a prétendu être à Magdebourg ne s'est point trouvé; on dit que le manuscrit est à Augsbourg, mais ce ne sont que des discours vagues; il est apparent que ce Pline n'existe nulle part. L'histoire de madame de Maldack, soi-disant czarowitzine, n'est pas plus vraie. Cette personne a été, ce me semble, fille de garde-robe de la princesse dont elle a pris le nom. Son histoire est un tissu de faussetés. Jamais la comtesse Königsmarck n'a mis le pied en Russie; le comte de Saxe n'avait jamais vu la femme du czarowitz; donc il ne pouvait pas la reconnaître dans madame de Maldack. Observez surtout que si une princesse, comme elle prétendait l'être, s'était sauvée comme par miracle de la Russie, elle aurait cherché un asile naturel dans le sein de sa famille, et ne ferait pas l'aventurière comme la créature dont vous parlez. Elle peut avoir eu quelque ressemblance avec sa maîtresse; c'est sur quoi elle a fondé son imposture, pour avoir quelque considération; mais elle s'est bien gardée de paraître à Brunswic, parce que la czarowitzine était trop connue de sa famille pour qu'on pût abuser tous ses parents par une ressemblance vague et par des propos qui auraient décelé la friponnerie.

Vous me chargez d'une autre commission plus embarrassante


a Helvétius mourut le 26 décembre 1771.