<546> et la mort moins affreuse. Continuez donc, messieurs, de protéger et de célébrer ceux qui s'y appliquent, et qui ont le bonheur, en France, d'y réussir; ce sera ce que vous pourrez faire de plus glorieux pour votre nation, et qui obtiendra grâce du siècle futur en faveur de quelques actes velches et hérules qui pourraient flétrir votre patrie.

Adieu, mon cher d'Alembert; portez-vous bien, jusqu'à ce qu'à votre tour une statue vous soit élevée. Sur ce, etc.a

80. DE D'ALEMBERT.

Paris, 28 juillet 1770.



Sire,

J'ai osé demander à Votre Majesté une grâce pour la philosophie, dans la dernière lettre que j'ai eu l'honneur de lui écrire; j'ose aujourd'hui lui en demander une pour moi-même, tant elle m'a accoutumé à espérer en ses bontés, et presque à en abuser.

Ma santé, Sire, dépérit de jour en jour; à l'impossibilité absolue où je suis de me livrer au plus léger travail se joint une insomnie affreuse, et une profonde mélancolie. Tous mes amis, et mes médecins, me conseillent le voyage d'Italie comme le seul remède à mon malheureux état; mais mon peu de fortune, Sire, m'interdit cette ressource, l'unique cependant qui me reste pour ne pas périr d'une mort lente et cruelle.


a Cette lettre se trouve déjà dans le Commentaire historique sur les Œuvres de l'auteur de la Henriade, etc. Avec les pièces originales et les preuves (publié par Wagnière, secrétaire de Voltaire, et revu par celui-ci). Bâle, 1778, p. 96-98. Voyez les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XLVIII, p. 380-382.