<48> elle daigne me répondre, elle n'a qu'à charger son ministrea de me remettre sa lettre sans que cela donne de l'ombrage. Il n'a qu'à m'avertir qu'il en a une, et je lui indiquerai les moyens de me la donner. Car, comme actuellement je n'ai plus nulle part dans ces affaires, je dois être extrêmement circonspecte dans mes démarches, pour ne pas donner de la jalousie. Je la supplie de me pardonner la franchise avec laquelle j'ose lui écrire, et d'être persuadée du profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être, etc.

5. A LA PRINCESSE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Sans-Souci, 10 août 1763.



Madame,

On peut certainement, sans flatter Votre Altesse Royale, rendre justice à ses rares talents. Vos productions, madame, que vous avez daigné me donner, m'ont autorisé à vous dire avec la plus grande simplicité l'effet qu'elles ont fait sur moi. A moins d'être sans âme, sourd et aveugle, il faut aimer le génie qui réunit de quoi faire la réputation de deux grands artistes. Mais je m'arrête en si beau chemin, de crainte de choquer votre délicatesse et l'extrême retenue que V. A. R. exige de ceux qui ont le bonheur de la connaître. Je me trouve, comme le barbier de Midas, contraint de confier mon secret aux roseaux, et ceux de ces environs, pour peu qu'ils soient animés par Minerve, diront incessamment : La princesse électorale de Saxe mérite l'admiration de l'univers.


a Frédéric de Buch, conseiller intime de légation et envoyé extraordinaire à la cour de Dresde, nommé le 7 mai 1763.