<47> le plaisir de les voir, et ma grande maîtresse, qui en a goûté, les a trouvés excellents, et V. M. sait qu'elle est juge compétent, à ce qui a rapport à la friandise. Ce qu'elle daigne me répéter au sujet de mon opéra me confond, et je sens que je ne dois qu'à sa bonté tous les éloges qu'elle me prodigue à ce sujet. Quant à l'inoculation, c'est à vous, Sire, que je dois le courage que j'ai eu d'y soumettre ma famille. Ce sont vos discours qui m'y ont enhardie, et qui ont engagé le Prince électoral à le permettre. Ainsi je vous dois la conservation de mes enfants, et la Saxe vous devra des milliers d'enfants dont les parents suivent mon exemple. Je suis étonnée, comme V. M., que des docteurs aussi éclairés que ceux de la Sorbonne aient été assez esclaves des anciennes maximes pour défendre un usage aussi salutaire. Mes docteurs, et surtout les prêtres d'ici, n'ont pas voulu le permettre non plus; mais depuis que mon exemple les autorise en quelque façon, on se passe de leur permission, et presque toute la noblesse d'ici a suivi mon exemple.

Mais après avoir parlé d'un objet qui regarde le bien de l'État, oserais-je risquer une question sur un objet qui regarde la tranquillité publique? V. M. sait que les Russes sont entrés en Pologne. Est-ce pour passer ou pour soutenir les Czartoryski qu'ils y sont? Elle a daigné me promettre qu'elle nous avertira, si elle apprend quelques projets relatifs à la succession.a Oserais-je l'en faire ressouvenir? Je me flatte au moins que si V. M. ne peut contribuer à éteindre le feu qui s'allume, elle n'en sera pas de moitié pour nous accabler. Je compte trop sur ses assurances de bonté pour ne pas être tranquille à ce sujet; mais je la conjure de me dire ce qu'il y a à craindre, et de m'aider de ses conseils. Je mets toute ma confiance en elle, et lui promets que ce qu'elle daignera m'écrire ne sera su que de moi. Je la supplie de même de me garder le secret sur ce que je lui écris. Si


a Voyez t. VI, p. 11 et suivantes.