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2. DU MÊME.

(Novembre 1746.)



Sire,

Mon entrée dans une académie que Votre Majesté a rendue florissante, et le suffrage public dont un corps si illustre vient d'honorer cet ouvrage,a sont les titres sur lesquels j'ose m'appuyer pour vous faire hommage de mon travail. J'ai cru que ces titres me suffiraient auprès d'un prince qui favorise les sciences, et qui se plaît même à les cultiver. La protection que vous leur accordez, Sire, est d'autant plus flatteuse, qu'elle est éclairée. Comme V. M. sait animer les talents par son exemple, elle sait aussi les discerner par ses propres lumières; le vrai mérite l'intéresse, parce qu'elle en connaît le prix, et qu'elle contribue trop à la gloire de l'humanité pour ne pas aimer tout ce qui en fait l'honneur. Elle appelle de toutes parts ceux qui se distinguent dans la noble carrière des lettres; elle les rassemble autour de son trône; et, pour mettre le comble aux bienfaits qu'elle répand sur eux, elle y joint une récompense supérieure à toutes les autres, sa faveur et sa bienveillance. Ainsi ce même Frédéric qui, dans une seule campagne, remporte trois grandes victoires, soumet un royaume, et fait la paix, augmente encore le petit nombre des monarques philosophes, des princes qui ont connu l'amitié, des conquérants qui ont éclairé leurs peuples, et les ont rendus heureux. Tant de qualités, Sire, vous ont à juste titre mérité le nom de Grandb dès les premières années de votre règne; vous l'avez en même


a Réflexions sur la cause générale des vents. Pièce qui a remporté le prix proposé par l'Académie royale des sciences de Berlin, pour l'année 1746. Par M. d'Alembert, des Académies royales des sciences de Paris et de Berlin. A Paris, 1747, in-4. A la tête de cette édition se trouve la lettre dédicatoire que nous donnons ici; elle est intitulée A Sa Majesté Prussienne, et n'a pas de date.

b C'est à son entrée à Berlin, le 12 novembre 1741, après avoir reçu l'hommage de la BasseSilésie, que Frédéric fut, à ce qu'il paraît, nommé le Grand pour la première fois, par un poëte. (Voyez Helden-, Staats- und Lebensgeschichte Friedrichs des Andern, seconde édition, t. II, p. 387 et 388.) Son buste, sur la médaille gravée par Jean-George Holtzhey, à Amsterdam, en mémoire de la paix de Breslau, est entouré de la légende Fridericus Magnus, etc. Voltaire donne déjà ce titre à Frédéric dans sa lettre de juillet 1742 (t. XXII, p. 114); et le Roi fut généralement nommé ainsi dès la paix de Dresde.