<156> dans les miennes que l'expression naïve de cette haute considération avec laquelle je suis, etc.

88. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

10 septembre 1767.



Madame ma sœur,

Précisément à mon retour de mon voyage, j'ai été réjoui par la lettre que V. A. R. a eu la bonté de m'écrire. Ce que j'ai eu l'honneur de vous dire n'est que trop vrai, madame; c'est précisément parce que chacun se place au centre du monde, et qu'il dirige les rayons de la circonférence vers lui, qu'il est si rare d'accorder le jugement de deux personnes sur les événements qui arrivent. Le moindre intérêt que nous y croyons prendre détermine notre approbation ou notre blâme. Il n'y a que le vrai mérite sur lequel on ne dispute guère; son éclat impose silence aux censeurs, et force même les ennemis de la personne de lui rendre justice. C'est pourquoi, en disant hautement ce que je pense des vertus et des talents d'une grande princesse que je n'ose nommer devant vous, madame, personne ne s'est jamais trouvé d'un sentiment contraire au mien.

J'ai vu M. de Kessel, votre grand maître de cuisine, et je lui ai dit : « Faites mes hommages à votre maîtresse, et assurez-la que j'envie Je sort de vos marmitons, qui ont le bonheur, que je n'ai pas, de la voir. »

Me voici donc, madame, occupé aux apprêts des noces d'une stadhouderesse;a le prince d'Orange viendra ici au commencement


a Voyez t. VI, p. 246 et 250, no 15, et ci-dessus, p. 92.