<155>persuadé que vous n'avez point besoin de maître en philosophie, que votre esprit et vos connaissances vous en ont plus appris que je n'en saurai jamais, et que si j'ai eu le malheur de vous causer des inquiétudes pendant la guerre, je ne dois pas vous ennuyer durant la paix. Souffrez donc, madame, que, après vous avoir remerciée de l'absolution que vous daignez me donner, et de toutes les bénédictions dont vous daignez me charger (préférables à celles du successeur de saint Pierre), je vous renouvelle les protestations de l'admiration et de la haute estime avec laquelle je suis, etc.

87. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 4 septembre 1767.

Il est très-vrai, comme l'observe Votre Majesté, chacun de nous voit les choses dans son point de vue, et les juge en conséquence. Je souhaite de pouvoir toujours considérer les événements dans une position correspondante à la vôtre, Sire; j'aurais alors de la confiance plutôt que de l'inquiétude. Cela était ainsi du temps de l'Empereur mon père; je m'en souviens, Sire, avec reconnaissance. Mon point de vue changea dans la suite; mais tout cela est passé, et ne reviendra plus, du moins selon mes vœux et mes espérances. Je ne verrai en V. M. qu'un grand monarque, un philosophe sur le trône, à qui je trouve qu'il ne sied point mal de citer Montaigne, et de qui je pourrais apprendre beaucoup. Vous ne m'eussiez jamais causé la moindre inquiétude, Sire, si vous étiez aussi peu fait pour être redouté à la guerre que pour ennuyer durant la paix. Les lettres de V. M. m'honorent et m'enchantent; je la supplie de ne considérer