<339> irréligieux qui crieront contre vous? L'ouvrage que vous faites sera utile par les choses, et agréable par le style; il n'en faut pas davantage. Si l'âme de vos nerfs demeure dans un état de quiétude, je serai charmé de vous voir ce soir; sinon je croirai qu'elle se venge sur votre corps du tort que votre esprit lui fait. Ce qu'il y a de sûr, c'est que je ne crois pas que moi ni personne soit double. Les grands, en parlant d'eux, disent nous; ils n'en sont pas multipliés pour cela. Mettons la main sur la conscience, et parlons franchement; l'on avouera de bonne foi que la pensée et le mouvement dont notre corps a la faculté sont des attributs de la machine animée, formée et organisée comme l'homme. Adieu.

314. AU MÊME.a

(1752.)

Cet articleb me paraît très-beau; il n'y a que le pari que je vous conseillerais de changer, à cause que vous vous êtes moqué de Pascal, qui se sert de la même figure. Remarquez encore, s'il vous plaît, que vous citez Épicure, Protagoras,b etc., qui vivraient tranquilles dans la même ville; je crois qu'il ne faudrait pas citer des gens de lettres pour vivre tranquilles ensemble. Remarquez que de querelles dans l'Académie des sciences de Paris pour Newton et Des Cartes, et dans celle d'ici pour et contre Leibniz. Je suis sûr qu'Épicure et Protago-


a Supplément aux Œuvres posthumes, t. II, p. 380 et 381.

b Il s'agit de ce qui forme aujourd'hui la première section de l'article Athée, dans le Dictionnaire philosophique. Voyez Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XXVII, p. 159. Épicure et Protagoras y sont nommés; le passage sur Pascal ne s'y trouve plus.