313. A VOLTAIRE.338-a

(1752.)

Si vous continuez du train dont vous allez, le Dictionnaire sera fait en peu de temps. L'article de l'âme, que je reçois, est bien fait; celui du baptême y est supérieur. Il semble que le hasard vous fait dire ce qui pourtant est la suite d'une méditation. Votre Dictionnaire imprimé, je ne vous conseille pas d'aller à Rome; mais qu'importe Rome, Sa Sainteté, l'inquisition, et tous les chefs tondus des ordres<339> irréligieux qui crieront contre vous? L'ouvrage que vous faites sera utile par les choses, et agréable par le style; il n'en faut pas davantage. Si l'âme de vos nerfs demeure dans un état de quiétude, je serai charmé de vous voir ce soir; sinon je croirai qu'elle se venge sur votre corps du tort que votre esprit lui fait. Ce qu'il y a de sûr, c'est que je ne crois pas que moi ni personne soit double. Les grands, en parlant d'eux, disent nous; ils n'en sont pas multipliés pour cela. Mettons la main sur la conscience, et parlons franchement; l'on avouera de bonne foi que la pensée et le mouvement dont notre corps a la faculté sont des attributs de la machine animée, formée et organisée comme l'homme. Adieu.


338-a Supplément aux Œuvres posthumes, t. II, p. 378 et 379.