<291>Des mains de Jupiter arracha le tonnerre;
Tout changea dans cet art par ces foudres nouveaux,
L'airain vomit en l'air des globes infernaux
Qui, s'élevant aux cieux par une courbe immense,
Redoublent, en tombant, de poids, de véhémence,
Abîment les cités, s'envolent en éclats,
Et de leur flanc cruel élancent le trépas.
Bientôt de sesa remparts le canon homicide,
Avec un bruit affreux et d'un essor rapide,
Au même instant que l'œil peut voir partir l'éclair,
Atteignit l'ennemi d'une masse de fer;
Dans les murs des cités le boulet formidable
Rend à coups redoublés la brèche praticable.
Ces miracles de l'art, à nos jours réservés,
Par le dieu des combats aux siéges approuvés,
Se font par le charbon, le soufre et le salpêtre.
Depuis que ce secret chez nous s'est fait connaître,
L'industrie inventive, abondante en secours,
Défendit les cités sans élever des tours;
Par des difficultés bien plus ingénieuses
On évita l'effet de ces foudres affreuses.
Vous, célèbre Vauban, favori du dieu Mars,
Vous, le sublime auteur des modernes remparts,
Que votre ombre apparaisse à nos guerriers novices.
Montrez-leur par quels soins et par quels artifices
Vous avez assuré les places des Français
Contre les bras germains et les canons anglais;
Comment votre savoir, par des routes nouvelles,
A su multiplier les défenses cruelles.


a Ces. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 400.)