<290>En employant la fronde ou décochant des flèches;
Des pierres écrasaient les soldats assaillants.
Lorsqu'on serrait de près ces défenseurs vaillants,
Lorsqu'on battait un mur par des béliers terribles,
De bitume et de poix les masses combustibles
Tombaient sur la machine, et des traits meurtriers
Perçaient les assaillants malgré leurs boucliers;
Souvent les généraux, lassés d'efforts stériles,
Quittaient pleins de dépit ces travaux inutiles.
Je ne vous parle point de ce siége fameux
Qui fit périr Priam et ses fils malheureux :
J'honore d'Ilion la poétique cendre
Et ces combats livrés sur les bords du Scamandre;
Mais ce sujet si beau, par Virgile chanté,
Oterait à mes vers leur mâle gravité.
Voyez Rome occupée à prendre Syracuse,
Et Métellea employer la valeur et la ruse
Pour emporter ces murs à force de travaux;
Là, voyez Archimède éluder ces assauts,b
De la ville et des tours réparer les ruines,
Arrêter les Romains et brûler leurs machines.
Marseille, de ses forts jusqu'alors indomptés,
Repoussa de César les assauts répétés;
Lassé de ces longueurs, mais sûr de sa fortune,
César soumit Marseille à l'aide de Neptune;
Les siéges des Romains, tous longs et meurtriers,
Suspendaient les destins des plus fameux guerriers.
Longtemps après César, le démon de la guerre


a Marcelle. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 399.) Voyez ci-dessus, p. 71.

b Les assauts. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 399.)