B.
Points principaux pour faire un traité d'amitié et d'alliance défensive.
1° Il y aura une amitié sincère, constante et perpétuelle entre le sérénissime et très puissant roi Frédéric et la couronne de Prusse et le sérénissime et très puissant Sultan … et la Sublime Porte, aussi bien qu'entre leurs héritiers et successeurs, et les deux sérénissimes parties contractantes s'engagent et promettent de bonne foi de s'appliquer toujours non seulement à entretenir et resserrer les liens d'amitié et de l'alliance présente, mais aussi d'avancer les intérêts, le repos et les avantages des sujets de l'une et de l'autre puissance et de s'empresser à éloigner tout ce qui pourrait leur être préjudiciable.
2° Les deux hautes puissances contractantes, ayant la satisfaction de vivre maintenant en amitié et en paix perpétuelle avec tous leurs voisins chrétiens, hésitent d'autant moins de se prêter au présent engagement, à l'imitation et selon l'usage d'autres puissances, que l'unique but en est de pourvoir à leur sûreté et à la tranquillité de leurs États et sujets, et qu'elles sont infiniment éloignées d'en faire usage pour offenser ou insulter personne, pas même pour donner de l'ombrage ou de la jalousie à aucun de leurs voisins.
3° Si toutefois il arrivait, ce qu'à Dieu ne plaise, que quelqu'une des puissances voisines des États de l'Empire Ottoman, et qui le sont également et en même temps des États de Sa Majesté le roi de Prusse, s'avisât de rompre la paix avec l'une ou l'autre des hautes parties contractantes et d'en attaquer hostilement les États dont elles sont actuellement en possession, ou d'en troubler autrement la tranquillité, de quelque manière que cela se fasse, alors lesdites deux puissances, aussi tôt qu'elles en seront averties, feront de concert tous leurs efforts pour prévenir la rupture, et emploieront d'abord les déhortations les plus sérieuses et toutes les autres voies amiables pour détourner l'agresseur de ses injustes entreprises et pour l'engager à indemniser la partie attaquée de la perte et du dommage qu'il lui aura causés.
4° Mais, au cas qu'il ne fût pas possible de parvenir à ce but par des voies amicales et qu'il fallût en venir à des moyens plus efficaces, pour mettre à la raison l'injuste agresseur, alors les hautes par<24>ties contractantes se secourront mutuellement de toutes leurs forces à proportion du degré de puissance que la Providence leur a mise entre les mains.
5° Cependant, comme la situation de leurs États ne permet pas qu'elles s'envoient réciproquement des secours effectifs ou qu'elles joignent actuellement leurs forces, elles conviendront qu'en cas que quelqu'une des puissances chrétiennes voisines, également des États de l'une et de l'autre, dût attaquer l'une des hautes parties contractantes, l'autre sera obligée d'assister son allié par voie de diversion dans les États de l'agresseur et de ne pas discontinuer cette opération, jusqu'à ce que la partie lésée obtienne une juste satisfaction.
6° Et, comme en pareil cas la guerre deviendra commune aux deux hautes parties contractantes, elles s'engagent aussi sur leur parole impériale et royale à agir d'un concert parfait dans les opérations de cette guerre et à n'écouter de la part de l'ennemi aucune proposition tendante à la paix, sans en donner part à l'autre partie et sans en attendre l'agrément, aussi bien qu'à ne faire aucune paix ni trève sans la participation de l'autre.
7° Comme ce traité purement défensif n'a d'autre but que la conservation de la sûreté et de la tranquillité commune et d'éviter l'effusion du sang humain, il sera permis d'un commun consentement de proposer à d'autres États chrétiens d'y accéder, s'ils le veulent, et de les y admettre p. p.