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prochain les chevaux qu'il voudrait acheter dans mes haras en Prusse, vous lui manderez que j'en serai bien aise, et que mes ordres étaient déjà donnés afin que ceux qu'il lui plaira d'y envoyer, y trouvent tout l'accueil favorable qu'ils sauront désirer.

Pour ce qui regarde la liberté de faire imprimer à Kœnigsberg des écrits indifférents en langue polonaise, au sujet de laquelle le Grand-Maréchal de la Couronne1 vous a parlé, je vous dirai que, ne voyant aucune bonne raison pour ne pas permettre cette liberté, surtout si pareille impression se fait sans éclat, je veux bien l'accorder, quoique toujours sous la condition expresse qu'on n'y mettra jamais le nom de la ville ni de l'imprimeur où l'impression sera faite. Aussi, dès que je saurai les intentions du susdit Grand-Maréchal sur les conditions que j'ajoute relativement à cette liberté d'imprimer, je donnerai mes [ordres] à mon ministre d'État de Rohd à Kœnigsberg pour qu'il ait soin de cette impression tacite.

Je dois vous avertir, au reste, que, quand un nommé de Rexin2 vous adressera un jour un exprès avec des lettres pour moi, vous devez faire en sorte qu'il puisse passer de Varsovie jusqu'à Wartenberg dans mon territoire de la Silésie avec le moins d'éclat qu'il sera possible, en mettant les lettres qu'il portera, sous votre couvert, et en marquant par une lettre particulière au maître de poste à Wartenberg afin qu'il ait à me faire passer par une estafette expresse votre paquet. Il serait mieux encore, si vous avez quelque domestique fidèle et affidé à toute épreuve, que vous l'envoyiez alors en exprès avec le paquet pour moi à Wartenberg, et gardiez, en attendant ma réponse, l'autre exprès dans votre maison, sans qu'il en puisse rien transpirer. Mais, comme je ne sais pas si vous êtes pourvu d'un pareil domestique, il faut que j'abandonne ceci à votre prudence. Mais ce que je vous recommande principalement, c'est que vous me garderez un secret tout-à-fait impénétrable sur cet avis, et que vous n'en parliez point même à vos amis les plus intimes, ni n'en fassiez mention dans aucune des dépêches que vous ferez à mes ministres.

Federic.

Nach dem Concept.


6684. A L'ENVOYÉ DE SUÈDE DE WULFWENSTJERNA A BERLIN.

Potsdam, 13 mars 1755.

Monsieur de Wulfwenstjerna. Je suis parfaitement sensible aux peines et aux soins que vous avez bien voulu prendre pour me faire parvenir le buste du roi Charles XII et l'instrument de musique que la reine de Suède vous avait adressés. Je verrai volontiers les occasions de pouvoir vous en témoigner ma vive reconnaissance; j'ai surtout été charmé du buste du plus grand des héros et du plus magnanime des



1 Bielinski.

2 Vergl. S. 62.