<34>des modernes; il admirait la fastueuse basilique de Saint-Pierre, sans cependant s'aveugler sur ses défauts, remarquant que les différents architectes qui y ont travaillé, se sont écartés à tort du premier dessin qu'en a l'ait Michel-Ange. M. de Knobelsdorff revint ainsi à Berlin, enrichi des trésors de l'Italie, affermi dans ses principes d'architecture, et confirmé, par son expérience, dans les préjugés favorables qu'il avait pour le coloris de M. Pesne. A son retour, il fit le portrait du feu roi, du Prince royal, et beaucoup d'autres, qui auraient fait la réputation d'un homme qui n'aurait été que peintre.

En 1740, après la mort de Frédéric-Guillaume, le Roi lui confia la surintendance des bâtiments et jardins. M. de Knobelsdorff s'appliqua d'abord à orner le parc de Berlin : il en fit un endroit délicieux par la variété des allées, des palissades, des salons, et par le mélange agréable que produisent à la vue les nuances des feuilles de tant d'arbres différents; il embellit le parc par des statues et par la conduite de quelques ruisseaux; de sorte qu'il fournit aux habitants de cette capitale une promenade commode et ornée, où les raffinements de l'art ne se présentent que sous les attraits champêtres de la nature.

M. de Knobelsdorff, non content d'avoir vu en Italie ce que les arts y furent autrefois, voulut les considérer dans un pays où ils fleurissent actuellement; il obtint la permission de faire le voyage de France.b Il ne s'écarta pas de son objet pendant le temps qu'il y fut. Trop attaché aux beaux-arts pour se répandre dans le grand monde et trop ardent à s'instruire pour sortir de la société des artistes, il ne vit que des ateliers, des galeries de tableaux, des églises et de l'architecture. Il n'est pas hors de notre sujet de rapporter ici le jugement qu'il portait des peintres de l'école française. Il approuvait la poésie qui règne dans la composition des tableaux de Le Brun, le dessin hardi du Poussin, le coloris de Blanchard et des Boulogne, la ressemblance et le fini des draperies de Rigaud, le clair-obscur de Raoux, la naïveté et la vérité de Chardin, et il faisait beaucoup de cas des tableaux de Charles Vanloo et des instructions de de Troy. Il trouvait cependant le talent des Français pour la sculpture supérieur à


b En automne 1740.