<540>de Mannheim pour faire passer notre traité en France : ainsi vous n'oublierez point de vous régler bien sur cet article avec le sieur de Chambrier.

Quant au mémoire que vous m'avez emoyé, signé du maréchal de Noailles, j'avoue qu'on n'a jamais mieux rencontré ma façon de penser sur toutes les matières qu'on y a traitées qu'on l'a fait dans ce mémoire, ainsi que je ne saurais pas m'exprimer autrement qu'on y a fait, si je l'avais dicté moi-même. Aussi ai-je donné d'abord mes ordres au sieur de Klinggraff pour la conclusion des deux traités à faire avec l'Empereur, savoir, pour le traité d'union, avec son article séparé, et pour le traité secret. Quant au troisième traité à faire avec le roi de France, j'espère que, par le projet que je vous renvoie, j'aurai rempli tout ce qu'on peut désirer de moi à ce sujet. Je suis surtout très-satisfait de ce qu'on a fait le projet de ce traité sur le pied d'un traité d'amitié et d'alliance perpétuelle et irrévocable, offensif pour le moment présent, et défensif pour la suite, articles que j'aurais désirés tout exprès, si l'on ne m'avait pas prévenu là-dessus. Comme il y a pourtant d'autres réflexions qui me sont tombées dans l'esprit sur les conjonctures présentes, j'en ai dressé le mémoire ci-clos, et vous ne manquerez pas d'en faire un bon usage.

Pour ce qui est de l'autre mémoire que vous m'avez envoyé, touchant les opérations militaires, je le trouve bien pensé; mais pour mettre le roi de France bien au fait sur la manière que je médite de faire mes opérations, j'en joins ici le projet, duquel vous ne manquerez pas de faire l'usage convenable, afin que. en combinant ce plan avec l'autre que vous m'avez envoyé, on puisse convenir exactement sur ce que les parties alliées belligérantes auront précisément à faire, concert qui est d'autant plus nécessaire, que suis cela nous ne ferions rien qui vaille. Un des articles que je vous recommande le plus est qu'on tâche d'éloigner autant qu'il est possible les troupes autrichiennes de la Bohème, et qu'on les empêche, s'il est possible, de pouvoir se porter à Prague avant que j'aie pris celte ville, puisque autrement tout mon plan courrait risque d'échouer; mais d'abord que je serai maître de Prague, les Autrichiens n'auront qu'à venir.

L'article de gagner le roi de Sardaigne et de l'attirer dans