<436>infiniment préférable à Solon, à Lycurgue, et à tous les sages de l'antiquité, et que Notre-Seigneur, en pratiquant la magnifique morale qu'il enseigne, nous sert en même temps et d'exemple, et de règle, je ne crois pas que vous puissiez faire la moindre opposition à mon système, à moins que de saper les fondements de toute la foi que l'on doit aux auteurs sacrés et anciens. Je sais que vous ne pensez pas de cette façon; mais si quelqu'un me faisait des doutes sur la véracité de la vie sainte et sans tache de Notre-Seigneur, on pourrait lui répondre que l'on n'est pas non plus obligé de croire l'histoire de Socrate, qui nous est transmise par la même voie, savoir, par les historiens qui nous ont conservé leurs vies.

Ne croyez pas non plus, monsieur, qu'une religion mal entendue et superstitieuse me fasse dénigrer les grands hommes que l'antiquité nous vante. Non, point du tout. Je rends hommage à la vertu où je la rencontre, et y eût-il des héros au delà des mers hyperborées, je les estimerais autant que leurs vertus le méritent; je crois seulement que ces grands hommes n'ont pas été ... égaux, et que les siècles de la chrétienté nous en ont fourni de même.

Ensuite la corruption est si grande dans le genre humain, que, à examiner jusqu'au fond les personnes les plus vertueuses, l'on trouverait (chose qui paraît paradoxe) que leurs vertus sont allaitées par des vices, ou, pour parler plus clairement, que leurs brillants dehors et leurs vertus apparentes ont le vice pour principe. Ainsi, à raisonner sur ce que l'expérience nous fait connaître, le monde a à peu près toujours été le même, et restera toujours tel.

J'en viens à l'auteur des vers sur la Retraite.a Ce n'est pas Keyserlingk, mais le général Grumbkow, qui, il y a trois ans, me fit part de cette pièce; et comme j'en aime beaucoup l'auteur, j'ai trouvé que je ne pouvais mieux faire que de puiser dans ses écrits, source pure et féconde d'une infinité de belles connaissances.

La main sur la conscience, vous connaissez celui que j'ai dépeint, et vous le devez reconnaître. Je n'y ai ni ajouté, ni diminué, n'ayant fait qu'un fidèle tableau de la représentation dans


a Voyez t. XIV, p. 23.