<101>quelques abbés de Saint-Pierre vous bénissent au milieu de la criaillerie. Je suis un de ces philosophes; je crois que vous forcerez toutes les puissances à faire la paix, et que le héros du siècle sera le pacificateur de l'Allemagne et de l'Europe. J'estime que vous avez gagné de vitesse

Ce vieillard vénérable à qui les destinées
Ont de l'heureux Nestor accordé les années.

Achille a été plus habile que Nestor; heureuse habileté, si elle contribue au bonheur du monde! Voici donc le temps où V. M. pourra amuser cette grande âme pétrie de tant de qualités contraires! Soyez sûr, Sire, que, avant qu'il soit un mois, j'irai chercher moi-même, à Bruxelles, les papiers que vous daignez honorer d'un peu de curiosité, ou que je les ferai venir. Il y a de petites choses qu'un citoyenc ne peut faire que difficilement, tandis que Frédéric le Grand en fait de si grandes en un moment. Vous n'êtes donc plus notre allié, Sire? Mais vous serez celui du genre humain; vous voudrez que chacun jouisse en paix de ses droits et de son héritage, et qu'il n'y ait point de troubles. Ce sera la pierre philosophale de la politique; elle doit sortir de vos fourneaux. Dites, Je veux qu'on soit heureux, et on le sera; ayez un bon Opéra, une bonne Comédie. Puissé-je être témoin, à Berlin, de vos plaisirs et de votre gloire!

185. DU MÊME.

Juillet 1742.

O le plus extraordinaire de tous les hommes, qui gagnez des batailles, qui prenez des provinces, qui faites la paix, qui faites de la musique et des vers, le tout si vite et si gaîment!


c Qu'un petit citoyen. (Variante de l'édition de Kehl, t. LXV, p. 115.)