<85>celle qu'il fait de l'espace et de l'étendue. Si je ne me trompe, il s'en explique ainsi :

« L'espace est le vide qui est entre les parties, de façon que tout être qui a des pores occupe toujours un espace entre eux. Or, tous les êtres composés doivent avoir des pores, les uns plus sensibles que les autres, selon leur différente composition; donc tous les êtres composés contiennent un espace. Mais une unité, n'ayant point de parties, et par conséquent point d'interstices ou de pores, ne peut point, par conséquent, tenir d'espace. »

Wolff nomme l'étendue, la continuité des êtres. Par exemple, une ligne n'est formée que par l'arrangement d'unités qui se touchent les unes les autres, et qui peuvent se suivre en ligne courbe ou droite. Ainsi une ligne a de l'étendue; mais un être un, qui n'est pas continu, ne peut occuper d'étendue. Je le répète encore, l'étendue n'est, selon Wolff, que la continuité des êtres. Un petit moment d'attention vous fera trouver ces définitions si vraies, que vous ne pourrez leur refuser votre approbation. Je ne vous demande qu'un coup d'œil; il vous suffit, monsieur, pour vous élever non seulement à l'être simple, mais au plus haut degré de connaissance auquel l'esprit humain peut parvenir.

Je viens de voir un homme, à Berlin, avec lequel je me suis bien entretenu de vous. C'est notre ministre Borcke, qui est de retour d'Angleterre. Il m'a fort alarmé sur l'état de votre santé; il ne finit point quand il parle des plaisirs que votre conversation lui a causés. L'esprit, dit-il, triomphe des infirmités du corps.

Vous serez servi en philosophe, et par des philosophes, dans la commission dont vous m'avez jugé capable. J'ai tout aussitôt écrit à mon ami,a en Russie; il répondra avec exactitude et avec vérité aux points sur lesquels vous souhaitez des éclaircissements. Non content de cette démarche, je viens de déterrer un secrétaire de la courb qui ne fait que revenir de Moscovie, après un séjour


a Voyez la lettre de Frédéric à Suhm, du 27 juillet 1787, t. XVI, p. 364 et 365.

b M. Jean-Gotthilf Vockerodt. Voyez les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. LVII. p. 346.